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exactement, la décharge sous la forme d’angoisse, constitue le premier sort réservé à la libido qui subit le refoulement. Je dois ajouter que ce n’est ni son seul sort, ni son sort définitif. Au cours des névroses se déroulent des processus qui tendent à entraver ce développement de l’angoisse et qui y réussissent de différentes manières. Dans les phobies, par exemple, on distingue nettement deux phases du processus névrotique. La première est celle du refoulement de la libido et de sa transformation en angoisse, laquelle est rattachée à un danger extérieur. Pendant la deuxième phase sont établies toutes les précautions et assurances destinées à empêcher le contact avec ce danger, qui est traité comme un fait extérieur. Le refoulement correspond à une tentative de fuite du moi devant la libido, éprouvée comme un danger. La phobie peut être considérée comme un retranchement contre le danger extérieur qui remplace maintenant la libido redoutée. La faiblesse du système de défense employé dans les phobies réside naturellement dans ce fait que la forteresse, inattaquable du dehors, ne l’est pas du dedans. La projection à l’extérieur du danger représenté par la libido ne peut jamais réussir d’une façon parfaite. C’est pourquoi il existe dans les autres névroses d’autres systèmes de défense contre le développement possible de l’angoisse. Il s’agit là d’un chapitre très intéressant de la psychologie des névroses ; nous ne pouvons malheureusement pas l’aborder ici, car cela nous conduirait trop loin, d’autant plus que pour le comprendre il faut posséder des connaissances spéciales très approfondies. Je n’ai que quelques mots à ajouter à ce que je viens de dire. Je vous ai déjà parlé du « contre-armement » auquel le moi a recours lors d’un refoulement et qu’il est obligé d’entretenir d’une manière permanente afin de faire durer le refoulement. Cet armement sert à réaliser les différents moyens de défense contre le développement de l’angoisse qui suit le refoulement.

Mais revenons aux phobies. Je crois vous avoir montré combien il est insuffisant de ne chercher à expliquer que leur contenu, de s’intéresser uniquement à la question de savoir pourquoi tel ou tel autre objet, telle ou telle situation, devient l’objet de la phobie. Le contenu d’une phobie est à celle-ci ce que la façade visible d’un rêve