Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée

unique, d’une grande intensité, tel que tremblement, vertige, palpitations, oppression, le sentiment général d’après lequel nous reconnaissons l’angoisse faisant défaut ou étant à peine marqué. Et cependant ces états que nous décrivons sous le nom d’ « équivalents de l’angoisse » doivent être sous tous les rapports, cliniques et étiologiques, assimilés à l’angoisse.

Ici surgissent deux questions. Existe-t-il un lien quelconque entre l’angoisse névrotique, dans laquelle le danger ne joue aucun rôle ou ne joue qu’un rôle minime, et l’angoisse réelle qui est toujours et essentiellement une réaction à un danger ? Comment faut-il comprendre cette angoisse névrotique ? C’est que nous voudrions avant tout sauvegarder le principe : chaque fois qu’il y a angoisse, il doit y avoir quelque chose qui provoque cette angoisse.

L’observation clinique nous fournit un certain nombre d’éléments susceptibles de nous aider à comprendre l’angoisse névrotique. Je vais en discuter la signification devant vous.

a) Il n’est pas difficile d’établir que l’angoisse d’attente ou l’état d’angoisse général dépend dans une très grande mesure de certains processus de la vie sexuelle ou, plus exactement, de certaines applications de la libido. Le cas le plus simple et le plus instructif de ce genre nous est fourni par les personnes qui s’exposent à l’excitation dite fruste, c’est-à-dire chez lesquelles de violentes excitations sexuelles ne trouvent pas une dérivation suffisante, n’aboutissent pas à une fin satisfaisante. Tel est, par exemple, le cas des hommes pendant la durée des fiançailles, et des femmes dont les maris ne possèdent pas une puissance sexuelle normale ou abrègent ou font avorter par précaution l’acte sexuel. Dans ces circonstances, l’excitation libidineuse disparaît, pour céder la place à l’angoisse, sous la forme soit de l’angoisse d’attente, soit d’un accès ou d’un équivalent d’accès. L’interruption de l’acte sexuel par mesure de précaution, lorsqu’elle devient le régime sexuel normal, constitue chez les hommes, et surtout chez les femmes, une cause tellement fréquente de névrose d’angoisse que la pratique médicale nous ordonne, toutes les fois que nous nous trouvons en présence de cas de ce genre, de penser