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décrire, l’angoisse d’attente, libre de toute attache, et l’angoisse associée aux phobies, sont indépendantes l’une de l’autre. On ne peut pas dire que l’une représente une phase plus avancée que l’autre, et elles n’existent simultanément que d’une façon exceptionnelle et comme accidentelle. L’état d’angoisse générale le plus prononcé ne se manifeste pas fatalement par des phobies ; des personnes dont la vie est empoisonnée par de l’agoraphobie peuvent être totalement exempte de l’angoisse d’attente, source de pessimisme. Il est prouvé que certaines phobies, phobie de l’espace, phobie du chemin de fer, etc., ne sont acquises qu’à l’âge mûr, tandis que d’autres, phobie de l’obscurité, phobie de l’orage, phobie des animaux, semblent avoir existé dès les premières années de la vie. Celles-là ont toute la signification de maladies graves ; celles-ci apparaissent comme des singularités, des lubies. Lorsqu’un sujet présente une phobie de ce dernier groupe, on est autorisé à soupçonner qu’il en a encore d’autres du même genre. Je dois ajouter que nous rangeons toutes ces phobies dans le cadre de l’hystérie d’angoisse, c’est-à-dire que nous les considérons comme une affection très proche de l’hystérie de conversion.

La troisième forme d’angoisse névrotique nous met en présence d’une énigme qui consiste en ce que nous perdons entièrement de vue les rapports existant entre l’angoisse et le danger menaçant. Dans l’hystérie, par exemple, cette angoisse accompagne les autres symptômes hystériques, ou encore elle peut se produire dans n’importe quelles conditions d’excitation ; de sorte que nous attendant à une manifestation affective nous sommes tout étonnés d’observer l’angoisse qui, elle, est la manifestation à laquelle nous nous attendions le moins. Enfin, l’angoisse peut encore se produire sans rapport avec des conditions quelconques, d’une façon aussi incompréhensible pour nous que pour le malade, comme un accès spontané et libre, sans qu’il puisse être question d’un danger ou d’un prétexte dont l’exagération aurait eu pour effet cet accès. Nous constatons, au cours de ces accès spontanés, que l’ensemble auquel nous donnons le nom d’état d’angoisse est susceptible de dissociation. L’ensemble de l’accès peut être remplacé par un symptôme