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ne puissions sous aucun prétexte et dans quelque condition que ce soit supporter un moment de solitude. Tout cela s’applique également aux foules, aux espaces clos, à l’orage, etc. Ce qui nous paraît étrange dans ces phobies des névrosés, c’est moins leur contenu que leur intensité. L’angoisse causée par les phobies est tout simplement sans appel ! Et nous avons parfois l’impression que les névrosés n’éprouvent pas leur angoisse devant les mêmes objets et situations qui, dans certaines circonstances, peuvent également provoquer notre angoisse à nous, et auxquels ils donnent les mêmes noms.

Il reste encore un troisième groupe de phobies, mais il s’agit de phobies qui échappent à notre compréhension. Quand nous voyons un homme mûr, robuste, éprouver de l’angoisse, lorsqu’il doit traverser une rue ou une place de sa ville natale dont il connaît tous les recoins, ou une femme en apparence bien portante éprouver une terreur insensée parce qu’un chat a frôlé le rebord de sa jupe ou qu’une souris s’est glissée à travers la pièce, comment pouvons-nous établir un rapport entre l’angoisse de l’un et de l’autre, d’une part, et le danger qui évidemment n’existe que pour le phobique, d’autre part ? Pour ce qui est des phobies ayant pour objets les animaux, il ne peut évidemment pas s’agir d’une exagération d’antipathies humaines générales, car nous avons la preuve du contraire dans le fait que de nombreuses personnes ne peuvent passer à côté d’un chat sans l’appeler et le caresser. La souris si redoutée des femmes a prêté son nom à une expression de tendresse de premier ordre : telle jeune fille, qui est charmée de s’entendre appeler « ma petite souris » par son fiancé, pousse un cri d’horreur lorsqu’elle aperçoit le gracieux petit animal de ce nom. En ce qui concerne les hommes ayant l’angoisse des rues et des places, nous ne trouvons pas d’autre moyen d’expliquer leur état qu’en disant qu’ils se conduisent comme des enfants. L’éducation inculque directement à l’enfant qu’il doit éviter comme dangereuses des situations de ce genre, et notre agoraphobe cesse en effet d’éprouver de l’angoisse lorsqu’il traverse la place accompagné de quelqu’un.

Les deux formes d’angoisse que nous venons de