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sur le sol de la psychanalyse et qui ne sont chez elles que là. Ce que la psychologie vous dit des états affectifs, la théorie de James-Lange par exemple, est pour nous autres psychanalystes incompréhensible et impossible à discuter. Mais ne nous considérons pas non plus comme très certains de ce que nous savons nous-mêmes concernant les états affectifs ; ne voyez dans ce que je vais vous dire sur ce sujet qu’un premier essai de nous orienter dans cet obscur domaine. Je continue donc. En ce qui concerne l’état affectif caractérisé par l’angoisse, nous croyons savoir quelle est l’impression reculée qu’il reproduit en la répétant. Nous nous disons que ce ne peut être que la naissance, c’est-à-dire l’acte dans lequel se trouvent réunies toutes les sensations de peine, toutes les tendances de décharge et toutes les sensations corporelles dont l’ensemble est devenu comme le prototype de l’effet produit par un danger grave et que nous avons depuis éprouvées à de multiples reprises en tant qu’état d’angoisse. C’est l’augmentation énorme de l’irritation consécutive à l’interruption du renouvellement du sang (de la respiration interne) qui fut alors la cause de la sensation d’angoisse : la première angoisse fut donc de nature toxique. Le mot angoisse (du latin angustiae, étroitesse ; Angst en allemand) fait précisément ressortir la gêne, l’étroitesse de la respiration qui existait alors comme effet de la situation réelle et qui se reproduit aujourd’hui régulièrement dans l’état affectif. Nous trouverons également significatif le fait que ce premier état d’angoisse est provoqué par la séparation qui s’opère entre la mère et l’enfant. Nous pensons naturellement que la prédisposition à la répétition de ce premier état d’angoisse a été, à travers un nombre incalculable de générations, à ce point incorporée à l’organisme que nul individu ne peut échapper à cet état affectif, fût-il, comme le légendaire Macduff, « arraché des entrailles de sa mère », c’est-à-dire fût-il venu au monde autrement que par la naissance naturelle. Nous ignorons quel a pu être le prototype de l’état d’angoisse chez des animaux autres que les mammifères. C’est pourquoi nous ignorons également l’ensemble des sensations qui, chez ces êtres, correspond à notre angoisse.

Vous serez peut-être curieux d’apprendre comment on