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à jouer indécemment avec son organe génital et qui ne sait pas encore que c’est là un amusement qu’on doit cacher, est menacé par les parents et les personnes préposées à ses soins, d’une amputation de la verge ou de la main pécheresse. Les parents, interrogés, n’hésitent pas à en convenir, car ils estiment avoir eu raison d’intimider l’enfant ; certains malades gardent un souvenir correct et conscient de cette menace, surtout lorsque celle-ci s’est produite quand ils avaient déjà un certain âge. Lorsque c’est la mère ou une autre personne du sexe féminin qui profère cette menace, elle en fait entrevoir l’exécution par le père ou par le médecin. Dans le célèbre « Struwwelpeter » du pédiatre francfortois Hoffmann, qui doit son charme à la profonde intelligence des complexes sexuels et autres de l’enfance, la castration se trouve remplacée par l’amputation du pouce, dont l’enfant est menacé pour son obstination à le sucer. Il est cependant tout à fait invraisemblable que les enfants soient aussi souvent menacés de castration qu’on pourrait le croire d’après les analyses des névrosés. Il y a tout lieu de supposer que l’enfant imagine cette menace, d’abord en se basant sur certaines allusions, ensuite parce qu’il sait que la satisfaction auto-érotique est défendue et enfin sous l’impression que lui a laissée la découverte de l’organe génital féminin. De même il n’est pas du tout invraisemblable que, même dans les familles non prolétariennes, l’enfant, qu’on croit incapable de comprendre et de se souvenir, ait pu être témoin. des rapports sexuels entre ses parents ou d’autres personnes adultes et qu’ayant compris plus tard ce qu’il avait vu il ait réagi à l’impression reçue. Mais lorsqu’il décrit les rapports sexuels, dont il a pu être témoin, avec des détails trop minutieux pour avoir pu être observés, ou lorsqu’il les décrit, ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent, comme des rapports more ferarum, il apparaît hors de doute que cette fantaisie se rattache à l’observation d’actes d’accouplement chez les bêtes (les chiens) et s’explique par l’état d’insatisfaction que l’enfant, qui n’a subi que l’impression visuelle, éprouve au moment de la puberté. Mais le cas le plus extrême de ce genre est celui où l’enfant prétend avoir observé le coït des parents, alors qu’il se trouvait encore dans le sein de sa mère.