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et les anciennes fixations, elle réussit enfin à se procurer une satisfaction réelle, bien qu’excessivement limitée et à peine reconnaissable. À propos de ce résultat final, je ferai deux remarques : en premier lieu, j’attire votre attention sur les liens étroits qui existent ici entre la libido et l’inconscient d’une part, la conscience et la réalité d’autre part, bien qu’au début ces deux couples ne soient rattachés entre eux par aucun lien ; en deuxième lieu, je tiens à vous prévenir, en vous priant de ne pas l’oublier, que tout ce que je viens de dire et tout ce que je dirai dans la suite se rapporte uniquement à la formation de symptômes dans la névrose hystérique.

Où la libido trouve-t-elle les fixations dont elle a besoin pour se frayer une voie à travers les refoulements ? Dans les activités et les événements de la sexualité infantile, dans les tendances partielles et les objets abandonnés et délaissés de l’enfance. C’est à tout cela que revient la libido. L’importance de l’enfance est double : d’une part, l’enfant manifeste pour la première fois des instincts et tendances qu’il apporte au monde à titre de dispositions innées et, d’autre part, il subit des influences extérieures, des événements accidentels qui éveillent à l’activité d’autres de ses instincts. Je crois que nous avons un droit incontestable à adopter cette division. La manifestation de dispositions innées ne soulève aucune objection critique, mais l’expérience analytique nous oblige précisément à admettre que des événements purement accidentels survenus dans l’enfance sont capables de laisser des points d’appui pour les fixations de la libido. Je ne vois d’ailleurs là aucune difficulté théorique. Les dispositions constitutionnelles sont incontestablement des traces que nous ont laissées des ancêtres éloignés ; mais il s’agit là de caractères qui, eux aussi, ont été acquis un jour, car sans acquisition il n’y aurait pas d’hérédité. Est-il admissible que la faculté d’acquérir de nouveaux caractères susceptibles d’être transmis héréditairement soit précisément refusée à la génération que nous considérons ? La valeur des événements de la vie infantile ne doit pas, ainsi qu’on le fait volontiers, être diminuée au profit des événements de la vie ancestrale et de la maturité de l’individu considéré ; les faits qui remplissent la vie de l’enfance méritent, bien au contraire,