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à la suite de l’étude des névroses narcissiques que nous pouvons espérer pénétrer la structure du moi. Nous connaissons cependant déjà une tentative très intéressante se rapportant à cette question. C’est celle de M. Ferenczi qui avait essayé d’établir théoriquement les phases de développement du moi, et nous possédons du moins deux points d’appui solides pour un jugement relatif à ce développement. Ce n’est pas que les intérêts libidineux d’une personne soient dès le début et nécessairement en opposition avec ses intérêts d’auto-conservation ; on peut dire plutôt que le moi cherche, à chaque étape de son développement, à se mettre en harmonie avec son organisation sexuelle, à se l’adapter. La succession des différentes phases de développement de la libido s’accomplit vraisemblablement selon un programme préétabli ; il n’est cependant pas douteux que cette succession peut être influencée par le moi ; qu’il doit exister un certain parallélisme, une certaine concordance entre les phases de développement du moi et celles de la libido et que du trouble de cette concordance peut naître un facteur pathogène. Un point qui nous importe beaucoup, c’est celui de savoir comment le moi se comporte dans les cas où la libido a laissé une fixation à une phase donnée de son développement. Le moi peut s’accommoder de cette fixation, auquel cas il devient, dans une mesure correspondante à celle-ci, pervers ou, ce qui revient au même, infantile. Mais il peut aussi se dresser contre cette fixation de la libido, auquel cas le moi éprouve un refoulement là où la libido a subi une fixation.

En suivant cette vole, nous apprenons que le troisième facteur de l’étiologie des névroses, la tendance aux conflits, dépend aussi bien du développement du moi que de celui de la libido. Nos idées sur la détermination des névroses se trouvent ainsi complétées. En premier lieu, nous avons la condition la plus générale, représentée par la privation, puis vient la fixation de la libido qui la pousse dans certaines directions, et en troisième lieu intervient la tendance au conflit découlant du développement du moi qui s’est détourné de ces tendances de la libido. La situation n’est donc ni aussi compliquée ni aussi difficile à saisir qu’elle vous avait probablement paru pendant que je développais mes déductions. Il n’en