Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le refoulement est une notion topique et dynamique ; la régression est une notion purement descriptive. Par la régression, telle que nous l’avons décrite jusqu’ici en la mettant en rapport avec la fixation, nous entendions uniquement le retour de la libido à des phases antérieures de son développement, c’est-à-dire quelque chose qui diffère totalement du refoulement et en est totalement indépendant. Nous ne pouvons même pas affirmer que la régression de la libido soit un processus purement psychologique et nous ne saurions lui assigner une localisation dans l’appareil psychique. Bien qu’elle exerce sur la vie psychique une influence très profonde, il n’en reste pas moins vrai que c’est le facteur organique qui domine chez elle.

Ces discussions vous paraîtront sans doute arides. La clinique nous en fournira des applications qui nous les rendront plus claires. Vous savez que l’hystérie et la névrose obsessionnelle sont les deux principaux représentants du groupe des névroses de transfert. Il existe bien dans l’hystérie une régression de la libido aux premiers objets sexuels, de nature incestueuse, et l’on peut dire qu’elle existe dans tous les cas, alors qu’on n’y observe pas la moindre tendance à la régression vers une phase antérieure de l’organisation sexuelle. En revanche, le refoulement joue dans le mécanisme de l’hystérie le principal rôle. S’il m’était permis de compléter par une construction toutes les connaissances certaines que nous avons acquises jusqu’ici concernant l’hystérie, je décrirais la situation de la façon suivante : la réunion des tendances partielles sous le primat des organes génitaux est accomplie, mais les conséquences qui en découlent se heurtent à la résistance du système préconscient lié à la conscience. L’organisation génitale se rattache donc à l’inconscient, mais n’est pas admise par le préconscient, d’où il résulte un tableau qui présente certaines ressemblances avec l’état antérieur au primat des organes génitaux, mais qui est en réalité tout autre chose. — Des deux régressions de la libido, celle qui s’effectue vers une phase antérieure de l’organisation sexuelle est de beaucoup la plus remarquable. Comme cette dernière régression manque dans l’hystérie et que toute notre conception des névroses se ressent encore de l’influence