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refoulez ainsi la procréation à l’arrière-plan pour accorder la première place à l’activité génitale pure et simple. Mais alors les divergences qui nous séparent sont moins grandes que vous ne le pensez : nous plaçons tout simplement les organes génitaux à côté d’autres organes. Que faites-vous cependant des nombreuses observations qui montrent que les organes génitaux, comme source de plaisir, peuvent être remplacés par d’autres organes, comme dans le baiser normal, comme dans les pratiques perverses des débauchés, comme dans la symptomatologie des hystériques ? Dans l’hystérie, notamment, il arrive souvent que des phénomènes d’excitation, des sensations et des innervations, voire les processus de l’érection, se trouvent déplacés des organes génitaux sur d’autres régions du corps, souvent éloignées de ceux-ci (la tête et le visage, par exemple). Ainsi convaincus qu’il ne vous reste rien que vous puissiez conserver pour la caractéristique de ce que vous appelez sexuel, vous serez bien obligés de suivre mon exemple et d’étendre la dénomination « sexuel » aux activités de la première enfance en quête de jouissances locales que tel ou tel organe est susceptible de procurer.

Et vous trouverez que j’ai tout à fait raison si vous tenez encore compte des deux considérations suivantes. Ainsi que vous le savez, nous qualifions de sexuelles les activités douteuses et indéfinissables de la première enfance ayant le plaisir pour objectif, parce que nous avons été conduits à cette manière de voir par des matériaux de nature incontestablement sexuelle que nous a fournis l’analyse des symptômes. Mais si ces matériaux sont de nature incontestablement sexuelle, me direz-vous, il n’en résulte pas que les activités infantiles orientées vers la recherche du plaisir soient également sexuelles. D’accord. Prenez cependant un cas analogue. Imaginez-vous que nous n’ayons aucun moyen d’observer le développement de deux plantes dicotylédones, telles que le poirier et la fève, à partir de leurs graines respectives, mais que nous puissions dans les deux cas suivre leur développement par la voie inverse, c’est-à-dire en commençant par l’individu végétal complètement formé pour finir par le premier embryon n’ayant que deux cotylédons. Ces derniers paraissent indifférents et sont