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intérieures. On lui défend de se débarrasser de ses excrétions quand et comment il veut ; ou le force à se conformer aux indications d’autres personnes. Pour obtenir sa renonciation à ces sources de jouissance, on lui inculque la conviction que tout ce qui se rapporte à ces fonctions est indécent, doit rester caché. Il est obligé de renoncer au plaisir, au nom de la dignité sociale. Il n’éprouve au début aucun dégoût devant ses excréments qu’il considère comme faisant partie de son corps ; il s’en sépare à contre cœur et s’en sert comme premier « cadeau » pour distinguer les personnes qu’il apprécie particulièrement. Et après même que l’éducation a réussi à la débarrasser de ces penchants, il transporte sur le « cadeau » et l’ « argent » la valeur qu’il avait accordée aux excréments. Il semble en revanche être particulièrement fier des exploits qu’il rattache à l’acte d’uriner.

Je sens que vous faites un effort sur vous-mêmes pour ne pas m’interrompre et me crier : « Assez de ces horreurs ! Prétendre que la défécation est une source de satisfaction sexuelle, déjà utilisée par le nourrisson ! Que les excréments sont une substance précieuse, l’anus une sorte d’organe sexuel ! Nous n’y croirons jamais ; mais nous comprenons fort bien pourquoi pédiatres et pédagogues ne veulent rien savoir de la psychanalyse et de ses résultats ». Calmez-vous. Vous avez tout simplement oublié, que si je vous ai parlé des faits que comporte la vie sexuelle infantile, ce fut à l’occasion des faits se rattachant aux perversions sexuelles. Pourquoi ne sauriez-vous pas que chez de nombreux adultes, tant homosexuels qu’hétérosexuels, l’anus remplace réellement le vagin dans les rapports sexuels ? Et pourquoi ne sauriez-vous pas qu’il y a des individus pour lesquels la défécation reste, toute leur vie durant, une source de volupté qu’ils sont loin de dédaigner ? Quant à l’intérêt que suscite l’acte de défécation et au plaisir qu’on peut éprouver en assistant à cet acte, lorsqu’il est accompli par un autre, vous n’avez, pour vous renseigner, qu’à vous adresser aux enfants mêmes, lorsque, devenus plus âgés, ils sont à même d’en parler. Il va sans dire que vous ne devez pas commencer par intimider ces enfants, car vous comprenez fort bien que, si vous le faites, vous n’obtiendrez rien d’eux. Quant aux autres choses auxquelles