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d’opposition à tout prix, il peut présenter le tableau complet de l’imbécillité affective. Mais si l’on a pu l’aider à vaincre cette résistance, il retrouve ses idées et recouvre sa faculté de comprendre. Sa critique n’est donc pas une fonction indépendante et, comme telle, digne de respect : elle est un expédient au service de ses attitudes affectives, un expédient guidé et dirigé par sa résistance. Si quelque chose ne lui convient pas, il est capable de se défendre avec beaucoup d’ingéniosité et beaucoup d’esprit critique ; lorsqu’au contraire quelque chose lui convient, il l’accepte avec une grande crédulité. Nous en faisons peut-être tous autant ; mais chez l’analysé cette subordination de l’intellect à la vie affective n’apparaît avec tant de netteté que parce que nous le repoussons par notre analyse dans ses derniers retranchements.

Le malade se défendant avec tant d’énergie contre la suppression de ses symptômes et le rétablissement du cours normal de ses processus psychiques, comment expliquons-nous ce fait ? Nous nous disons que ces forces qui s’opposent au changement de l’état morbide doivent être les mêmes que celles qui, à un moment donné, ont provoqué cet état. Les symptômes ont dû se former à la suite d’un processus que l’expérience que nous avons acquise lors de la dissociation des symptômes nous permet de reconstituer. Nous savons déjà, depuis l’observation de Breuer, que l’existence du symptôme a pour condition le fait qu’un processus psychique n’a pu aboutir à sa fin normale, de façon à pouvoir devenir conscient. Le symptôme vient se substituer à ce qui n’a pas été achevé. Nous savons ainsi où nous devons situer l’action de la force présumée. Il a dû se manifester une violente opposition contre la pénétration du processus psychique jusqu’à la conscience ; aussi ce processus est-il resté inconscient, et en tant qu’inconscient il avait la force de former un symptôme. La même opposition se manifeste, au cours du traitement contre les efforts de transformer l’inconscient en conscient. C’est ce que nous percevons comme une résistance. Nous donnerons le nom de refoulement au processus pathogène qui se manifeste à nous par l’intermédiaire d’une résistance.

Nous devons maintenant chercher à nous représenter