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de résistance contre le médecin et le traitement. Quand c’est un homme, il emprunte généralement ces matériaux à ses rapports avec son père dont la place est prise par le médecin : il transforme en résistances à l’action de celui-ci ses aspirations à l’indépendance de sa personne et de son jugement, son amour-propre qui l’avait poussé jadis à égaler ou même à dépasser son père, la répugnance à se charger une fois de plus dans sa vie du fardeau de la reconnaissance. On a par moments l’impression que l’intention de confondre le médecin, de lui faire sentir son impuissance, de triompher de lui, l’emporte chez le malade sur cette autre et meilleure intention de voir mettre fin à sa maladie. Les femmes s’entendent à merveille à utiliser en vue de la résistance un « transfert » où il entre, à l’égard du médecin, beaucoup de tendresse, un sentiment fortement teinté d’érotisme. Lorsque cette tendance a atteint un certain degré, tout intérêt pour la situation actuelle disparaît, la malade ne pense plus à sa maladie, elle oublie toutes les obligations qu’elle avait acceptées en commençant le traitement ; d’autre part, la jalousie qui ne manque jamais, ainsi que la déception causée à la malade par la froideur que lui manifeste sous ce rapport le médecin, ne peuvent que contribuer à nuire aux relations personnelles devant exister entre l’une et l’autre et à éliminer ainsi un des plus puissants facteurs de l’analyse.

Les résistances de cette sorte ne doivent pas être condamnées sans réserve. Telles quelles, elles contiennent de nombreux matériaux très importants se rapportant à la vie du malade et exprimés avec une conviction telle qu’ils sont susceptibles de fournir à l’analyse un excellent appui, si l’on sait, par une habile technique, leur donner une orientation appropriée. Il est seulement à noter que ces matériaux commencent toujours par se mettre au service de la résistance et par ne laisser apparaître que leur façade hostile au traitement. On peut dire aussi que ce sont là des traits de caractère, des attitudes du moi que le malade a mobilisés pour combattre les modifications qu’on cherche à obtenir par le traitement. En étudiant ces traits de caractère, on se rend compte qu’ils ont apparu sous l’influence des conditions de la névrose et par réaction contre ses exigences ; on