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ne peut marcher dans la rue que lorsqu’il y a peu de monde, tel autre ne se sent à l’aise que lorsqu’il y a foule dans les rues. De même l’hystérie, malgré toute sa richesse en traits individuels, présente de très nombreux caractères généraux et typiques qui semblent rendre difficile la rétrospection historique. N’oublions cependant pas que c’est sur ces symptômes typiques que nous nous guidons pour l’établissement de notre diagnostic. Si, dans un cas donné d’hystérie, nous avons réellement réussi à ramener un symptôme typique à un événement personnel ou à une série d’événements personnels analogues, par exemple un vomissement hystérique à une série d’impressions de nausées, nous sommes tout à fait désorientés lorsque l’analyse nous révèle dans un autre cas de vomissements l’action présumée d’événements personnels d’une nature toute différente. On est alors porté à admettre que les vomissements des hystériques tiennent à des causes que nous ignorons, les données historiques révélées par l’analyse n’étant pour ainsi dire que des prétextes qui, lorsqu’ils se présentent, sont utilisés par cette nécessité interne.

C’est ainsi que nous arrivons à cette conclusion décourageante que s’il nous est possible d’obtenir une explication satisfaisante du sens des symptômes névrotiques individuels à la lumière des faits et événements vécus par le malade, notre art ne suffit pas à trouver le sens des symptômes typiques, beaucoup plus fréquents. En outre, je suis loin de vous avoir fait connaître toutes les difficultés auxquelles on se heurte lorsqu’on veut poursuivre rigoureusement l’interprétation historique des symptômes. Je m’abstiendrai d’ailleurs de cette énumération, non que je veuille enjoliver les choses ou vous dissimuler les choses désagréables, mais parce que je ne me soucie pas de vous décourager ou de vous embrouiller dès le début de nos études communes. Il est vrai que nous n’avons encore fait que les premiers pas dans la voie de la compréhension de ce que les symptômes signifient, mais nous devons nous en tenir provisoirement aux résultats acquis et n’avancer que progressivement dans la direction de l’inconnu. Je vais donc essayer de vous consoler en vous disant qu’une différence fondamentale entre les deux catégories de symptômes est difficile-