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des idées se rapportant à ces possibilités, évoquant des souvenirs, reconstituant des ensembles, et elle a fini par accepter toutes nos interprétations, mais à la suite d’une élaboration personnelle. À mesure que ce travail s’accomplissait en elle, elle devenait de moins en moins méticuleuse dans l’exécution de ses actions obsédantes, et avant même la fin du traitement tout son cérémonial était abandonné. Vous devez savoir aussi que le travail analytique, tel que nous le pratiquons aujourd’hui, ne s’attache pas à chaque symptôme en particulier jusqu’à sa complète élucidation. On est obligé à chaque instant d’abandonner tel thème donné, car on est sûr d’y être ramené en abordant d’autres ensembles d’idées. Aussi l’interprétation des symptômes que je vais vous soumettre aujourd’hui, constitue-t-elle une synthèse de résultats qu’il a fallu, en raison d’autres travaux entrepris entre-temps, des semaines et des mois pour obtenir.

Notre malade commence peu à peu à comprendre que c’est à titre de symbole génital féminin qu’elle ne supportait pas, pendant la nuit, la présence de la pendule dans sa chambre. La pendule, dont nous connaissons encore d’autres interprétations symboliques, assume ce rôle de symbole génital féminin à cause de la périodicité de son fonctionnement qui s’accomplit à des intervalles égaux. Une femme peut souvent se vanter en disant que ses menstrues s’accomplissent avec la régularité d’une pendule. Mais ce que notre malade craignait surtout, c’était d’être troublée dans son sommeil par le tic-tac de la pendule. Ce tic-tac peut être considéré comme une représentation symbolique des battements du clitoris lors de l’excitation sexuelle. Elle était en effet souvent réveillée par cette sensation pénible, et c’est la crainte de l’érection qui lui avait fait écarter de son voisinage, pendant la nuit, toutes les pendules et montres en marche. Pots à fleurs et vases sont, comme tous les récipients, également des symboles féminins. Aussi la crainte de les exposer pendant la nuit à tomber et à se briser n’est-elle pas tout à fait dépourvue de sens. Vous connaissez tous cette coutume très répandue qui consiste à briser, pendant les fiançailles, un vase ou une assiette. Chacun des assistants s’en approprie un fragment, ce que nous devons considérer, en nous plaçant au point