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Mieux que cela, le mystère le plus profond de sa maladie consiste en ce que par celle-ci elle protège son mari contre de méchants propos, justifie leur séparation dans l’espace et lui rend possible une existence séparée agréable. C’est ainsi que l’analyse d’une anodine action obsédante nous conduit directement jusqu’au noyau le plus caché d’un cas morbide et nous révèle en même temps une partie non négligeable du mystère de la névrose obsessionnelle. Je me suis volontiers attardé à cet exemple parce qu’il réunit des conditions auxquelles on ne peut pas raisonnablement s’attendre dans tous les cas. L’interprétation des symptômes a été trouvée ici d’emblée par la malade, en dehors de toute direction ou intervention de l’analyse, et cela en corrélation avec un événement qui s’était produit, non à une période reculée de l’enfance, mais alors que la malade était déjà en pleine maturité, cet événement ayant persisté intact dans sa mémoire. Toutes les objections que la critique adresse généralement à nos interprétations de symptômes, se brisent contre ce seul cas. Il va sans dire qu’on n’a pas toujours la chance de rencontrer des cas pareils.

Quelques mots encore, avant de passer au cas suivant. N’avez-vous pas été frappés par le fait que cette action obsédante peu apparente nous a introduits dans la vie la plus intime de la malade ? Quoi de plus intime dans la vie d’une femme que l’histoire de sa nuit de noces ?

Et serait-ce un fait accidentel et sans importance que notre analyse nous ait introduits dans l’intimité de la vie sexuelle de la malade ? Il se peut, sans doute, que j’aie eu dans mon choix la main heureuse. Mais ne concluons pas trop vite et abordons notre deuxième exemple, d’un genre tout à fait différent, un échantillon d’une espèce très commune : un cérémonial accompagnant le coucher.

Il s’agit d’une belle jeune fille de 19 ans, très douée, enfant unique de ses parents, auxquels elle est supérieure par son instruction et sa vivacité intellectuelle. Enfant, elle était d’un caractère sauvage et orgueilleux et était devenue, au cours des dernières années et sans aucune cause extérieure apparente, morbidement nerveuse. Elle se montre particulièrement irritée contre sa mère ; elle est mécontente, déprimée, portée à l’indécision et au doute