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Chapitre XVI
PSYCHANALYSE ET PSYCHIATRIE


Je me réjouis de pouvoir reprendre avec vous le fil de nos causeries. Je vous ai parlé précédemment de la conception psychanalytique des actes manqués et des rêves ; je voudrais vous familiariser maintenant avec les phénomènes névrotiques qui, ainsi que vous le verrez par la suite, ont plus d’un trait commun avec les uns et avec les autres. Mais je vous préviens qu’en ce qui concerne ces derniers phénomènes, je ne puis vous suggérer à mon égard la même attitude que précédemment. Alors je m’étais imposé l’obligation de ne point faire un pas sans m’être mis au préalable d’accord avec vous ; j’ai beaucoup discuté avec vous et j’ai tenu compte de vos objections ; je suis même allé jusqu’à voir en vous et dans votre « bon sens » l’instance décisive. Il ne peut plus en être de même aujourd’hui, et cela pour une raison bien simple. Et tant que phénomènes, actes manqués et rêves ne vous étaient pas tout à fait inconnus, on pouvait dire que vous possédiez ou pouviez posséder à leur sujet la même expérience que moi. Mais le domaine des phénomènes névrotiques vous est étranger ; si vous n’êtes pas médecins, vous n’y avez pas d’autre accès que celui que peuvent vous ouvrir mes renseignements, et le jugement le meilleur en apparence est sans valeur lorsque celui qui le formule n’est pas familiarisé avec les matériaux à juger.

Ne croyez cependant pas que je me propose de vous faire des conférences dogmatiques ni que j’exige de vous une adhésion sans conditions. Si vous le croyiez, il en résulterait un malentendu qui me ferait le plus grand tort. Il n’entre pas dans mes intentions d’imposer des convictions : il me suffit d’exercer une action stimulante