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par des dilettanti comme nous, mais par des spécialistes en anthropologie, mythologie, linguistique et ethnologie. Mais le peu que nous avons dit comporte certaines conclusions qui, sans prétendre épuiser le sujet, sont de nature à faire réfléchir.

Et tout d’abord, nous sommes en présence de ce fait que le rêveur a à sa disposition le mode d’expression symbolique qu’il ne connaît ni ne reconnaît à l’état de veille. Ceci n’est pas moins fait pour vous étonner que si vous appreniez que votre femme de chambre comprend le sanscrit, alors que vous savez pertinemment qu’elle est née dans un village de Bohême et n’a jamais étudié cette langue. Il n’est pas facile de nous rendre compte de ce fait à l’aide de nos conceptions psychologiques. Nous pouvons dire seulement que chez le rêveur la connaissance du symbolisme est inconsciente, qu’elle fait partie de sa vie psychique inconsciente. Mais cette explication ne nous mène pas bien loin. Jusqu’à présent nous n’avions besoin d’admettre que des tendances inconscientes, c’est-à-dire des tendances qu’on ignore momentanément ou pendant une durée plus ou moins longue. Mais cette fois il s’agit de quelque chose de plus : de connaissances inconscientes, de rapports inconscients entre certaines idées, de comparaisons inconscientes entre divers objets, comparaisons à la suite desquelles un de ces objets vient s’installer d’une façon permanente à la place de l’autre. Ces comparaisons ne sont pas effectuées chaque fois pour les besoins de la cause, elles sont faites une fois pour toutes et toujours prêtes. Nous en avons la preuve dans le fait qu’elles sont identiques chez les personnes les plus différentes, malgré les différences de langue.

D’où peut venir la connaissance de ces rapports symboliques ? Le langage courant n’en fournit qu’une petite partie. Les nombreuses analogies que peuvent offrir d’autres domaines sont le plus souvent ignorées du rêveur ; et ce n’est que péniblement que nous avons pu nous-mêmes en réunir un certain nombre.

En deuxième lieu, ces rapports symboliques n’appartiennent pas en propre au rêveur et ne caractérisent pas uniquement le travail qui s’accomplit au cours des rêves. Nous savons déjà que les mythes et les contes, le peuple