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proverbes et chants de différents peuples, du langage poétique et du langage commun. Nous y retrouvons partout le même symbolisme que nous comprenons souvent, sans la moindre difficulté. En examinant ces sources les unes après les autres, nous y découvrirons un tel parallélisme avec le symbolisme des rêves que nos interprétations sortiront de cet examen avec une certitude accrue.

Le corps humain, avons-nous dit, est souvent représenté d’après Scherner, par le symbole de la maison ; or, font également partie de ce symbole les fenêtres, portes, portes cochères qui symbolisent les accès dans les cavités du corps, les façades, lisses ou garnies de saillies et de balcons pouvant servir de points d’appui. Ce symbolisme se retrouve dans notre langage courant : c’est ainsi que nous saluons familièrement un vieil ami en le traitant de « vieille maison » 21 et que nous disons de quelqu’un que tout n’est pas en ordre à son « étage supérieur » 22.

Il paraît à première vue bizarre que les parents soient représentés dans les rêves sous l’aspect d’un couple royal ou impérial. Ne croyez-vous pas que dans beaucoup de contes qui commencent par la phrase — « Il était une fois un roi et une reine », on se trouve en présence d’une substitution symbolique de la phrase « Il était une fois un père et une mère ? » Dans les familles, on appelle souvent les enfants, en plaisantant, princes, l’aîné recevant le titre de Kronprinz. Le roi lui-même se fait appeler le père. C’est encore en plaisantant que les petits enfants sont appelés vers et que nous disons d’eux avec compassion : les pauvres petits vers (das arme Wurm).

Mais revenons au symbole maison et à ses dérivés. Lorsqu’en rêve nous utilisons les saillies des maisons comme points d’appui, n’y a-t-il pas là une réminiscence de la réflexion bien connue que les gens du peuple formulent lorsqu’ils rencontrent une femme aux seins fortement développés — il y a là à quoi s’accrocher ? Dans la même occasion, les gens du peuple s’expriment encore autrement, en disant : « Voilà une femme qui a beaucoup de bois devant sa maison », comme s’ils voulaient confirmer notre interprétation qui voit dans le bois un symbole féminin, maternel.