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bonnes ou mauvaises, ont exercé une certaine influence dans les pays où elles ont vu le jour ; et, ce faisant, il invite implicitement ce public à prendre part à la discussion qui se poursuit autour de ces idées et à contribuer ainsi à dégager ce qu’elles ont de vrai et de durable.

Le traducteur a donc avant tout pour mission de dissiper les préjugés et les partis-pris fondés sur l’ignorance, et il s’acquitte de cette mission en mettant sous les yeux des lecteurs les pièces du procès. Mais l’ouvrage publié, les pièces du dossier étalées, un autre inconvénient peut surgir, celui de la fausse compréhension, de l’emballement irréfléchi, de l’enthousiasme intempestif, du snobisme en quête de tout ce qui est nouveau et sensationnel. Contre cet inconvénient, fait pour discréditer les meilleures idées et qui peut devenir un véritable danger, lorsqu’il s'agit de théories qui, comme la psychanalyse, visent surtout aux applications pratiques, au soulagement et à la guérison d’une certaine catégorie de malades, contre cet inconvénient, disons-nous, le traducteur est à peu près désarmé. Tout au plus lui est-il permis d’espérer qu’une modeste mise au point contribuera, dans une certaine mesure, à atténuer cet inconvénient et ce danger, et c’est ce que nous allons essayer de faire brièvement et rapidement dans les quelques pages de cette Préface.




La psychanalyse est, selon la définition de Freud lui-même, une méthode de traitement de certaines maladies nerveuses. Freud est donc, avant tout, un neuro-thérapeute, et ce sont des préoccupations thérapeutiques, c’est-à-dire purement utilitaires et pratiques, qui ont servi de point de départ à ses théories. Lorsque, tout jeune étudiant, il avait abordé la psychanalyse, il n’avait encore aucune théorie psychologique préconçue. Ainsi qu’il le raconte lui-même quelque part, c’est un simple hasard qui a décidé de sa vocation ou, plutôt, de sa méthode, et ce hasard, il le doit à un de ses compatriotes, le Dr Joseph Breuer, de Vienne, qui avait imaginé de