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d’abréviation télégraphique. Le travail d’interprétation a pour tâche de compléter ce fragment ou cette allusion, comme cela nous a particulièrement bien réussi dans le cas b. Le remplacement par un fragment ou une allusion constitue donc une des formes de déformation des rêves. Il existe en outre dans l’exemple c une autre circonstance que nous verrons ressortir avec plus de pureté et de netteté dans les exemples qui suivent.

d) Le rêveur entraîne derrière le lit une dame qu’il connaît. La première idée qui lui vient à l’esprit lui fournit le sens de cet élément du rêve. il donne à cette dame la préférence.

e) Un autre rêve que son frère est enfermé dans un coffre. La première idée remplace coffre par armoire (SCHRANK), et l’idée suivante donne aussitôt l’interprétation du rêve : son frère se restreint (SCHRÄNKT Sich EIN.

f) Le rêveur fait l’ascension d’une montagne d’où il découvre un panorama extraordinairement vaste. Rien de plus naturel, et il semble que cela ne nécessite aucune interprétation, qu’il s’agirait seulement de savoir à quelle réminiscence se rattache ce rêve et quelle raison fait surgir cette réminiscence. Erreur ! Il se trouve que ce rêve a tout autant besoin d’interprétation qu’un autre, même confus et embrouillé. Ce ne sont pas des ascensions qu’il aurait faites qui lui viennent à la mémoire, il pense seulement à un de ses amis, éditeur d’une « Revue 15 » qui s’occupe de nos relations avec les régions les plus éloignées de la terre. La pensée latente du rêve consiste donc dans ce cas dans l’identification du rêveur avec « celui qui passe en revue l’espace qui l’entoure » (Rundschauer).

Nous trouvons ici un nouveau mode de relations entre l’élément manifeste et l’élément latent du rêve. Celui-là est moins une déformation qu’une représentation de celui-ci, son image plastique et concrète ayant sa source dans le monde d’expression verbale. À vrai dire, il s’agit encore cette fois d’une déformation, car lorsque nous