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pas plus connus que les tendances perturbatrices des actes manqués et les tendances provocatrices des actes accidentels.

J’ai fait de nombreuses expériences de ce genre sur les noms et les nombres pensés au hasard. D’autres ont, après moi, répété les mêmes expériences dont beaucoup ont été publiées. On procède en éveillant, à propos du nom pensé, des associations suivies, lesquelles ne sont plus alors tout à fait libres, mais se trouvent rattachées les unes aux autres comme les idées évoquées à propos des éléments du rêve. On continue jusqu’à ce que la stimulation à former ces associations soit épuisée. L’expérience terminée, on se trouve en présence de l’explication donnant les raisons qui ont présidé à la libre évocation d’un nom donné et faisant comprendre l’importance que ce nom peut avoir pour le sujet de l’expérience. Les expériences donnent toujours les mêmes résultats, portent sur des cas extrêmement nombreux et nécessitent de nombreux développements. Les associations que font naître les nombres librement pensés sont peut-être les plus probantes : elles se déroulent avec une rapidité telle et tendent vers un but caché avec une certitude tellement incompréhensible qu’on se trouve vraiment désemparé lorsqu’on assiste à leur succession. Je ne vous communiquerai qu’un seul exemple d’analyse ayant porté sur un nom, exemple exceptionnellement favorable, puisqu’il peut être exposé sans trop de développements.

Un jour, en parlant de cette question à un de mes jeunes clients, j’ai formulé cette proposition que, malgré toutes les apparences d’arbitraire, chaque nom librement pensé est déterminé de près par les circonstances les plus proches, par les particularités du sujet de l’expérience et par sa situation momentanée. Comme il en doutait, je lui proposai de faire séance tenante une expérience de ce genre. Le sachant très assidu auprès des femmes, je croyais, qu’invité à penser librement à un nom de femme, il n’aurait que l’embarras du choix. Il en convient. Mais à mon étonnement, et surtout peut-être au sien, au lieu de m’accabler d’une avalanche de noms féminins, il reste muet pendant un instant et m’avoue ensuite qu’un seul nom, à l’exception de tout autre, lui