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30 THÉORIE DE LA LUMIÈRE. — PREMIÈRE SECTION. trarient : or on peut toujours concevoir les deux rayons incidents à une distance l’un de l’autre telle que la discordance soit complète pour les rayons réfléchis, c’est-à-dire d’une demi-ondulation, et comme ils sont d’une force égale, leurs vibrations se détruisent mutuellement. 39. Cette explication de la réflexion n’oblige pas d’admettre que la lumière est repousséc à des distances sensibles, ou que la surface des corps polis est absolument sans aspérités ; il suffit de supposer que ces aspérités sont très-petites par rapport aux longueurs d’ondulation, et l’on conçoit pourquoi sous un angle de réflexion égal à l’angle d’incidence l’œil doit recevoir beaucoup plus de lumière que dans toute autre direction

40. Avec ces considérations il me parait facile d’expliquer les images colorées que réfléchissent les surfaces rayées, phénomène curieux dont M. Arago a bien voulu me donner la description. 41. Je passe maintenant aux rayons réfractés. Newton a prouvé que le rapport entre les longueurs d’accès, ou les ondulations de la lumière, dans l’air et dans l’eau est le même que celui du sinus d’incidence au sinus de réfraction , et il croit que cette règle est générale, et peut être appliquée à tous les corps. C’est de cette règle que je vais partir pour expliquer la loi de la réfraction. Je supposerai donc que le rapport entre la longueur des ondulations du rayon incident et celles des ondulations du rayon réfracté est cons- < Je vais au-devant d utie objection qu’on fera sans doute à cette explication.

Si le ravon incident réfléchit des molécules de calorique dans toutes les directions en rencontrant la surface d’un corps poli, pourquoi le calorique rayonnant qui en résulte est-il, comme la lumière, réfléchi presque uniquement suivant un angle égal à celui d’incidence ?

Je répondrai que la discordance complète et continue des vibrations dans les autres directions , en les affaiblissant extrêmement, |>eat non seulement détruire la visibilité des rayons mais encore leur faculté échauffante . ou du moins la diminuer considérablement. D’ailleurs je ne prétends point que la plus grande partie des molécules de calorique ne se réfléchissent pas suivant un angle égal à celui d’incidence. Mais il me semble que les petites aspérités qui couvrent inévitablement les surfaces les mieux polies doivent en réfléchir encore beaucoup dans toutes les autres directions, et qu’on ne peut pas expliquer autrement que je ne le fais comment les corps polis éparpillent si peu la lumière et produisent des images si nettes.