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grand atelier en plein parc. On doit respecter ses rêves… sans les comprendre.

— Elle aura tout cela, répondit Jacquemine avec la plus discrète sympathie. Mais, je ne sais pas s’il convient que vous nous appeliez féministes. Nous essayons seulement de vivre pour les autres en vivant pour nous-mêmes ; nous sommes affranchies du joug social, libres. Nous sommes surtout occupées de préserver nos qualités intellectuelles. Nous croyons les avoir reçues pour notre bonheur. Nous croyons qu’il nous est défendu de les faire périr en les usant, en les anémiant dans des carrières dites faussement libérales, comme le font la majorité des hommes. Alors il est évident que se déclareront contre nous les femmes orgueilleuses, fières uniquement d’avoir conquis des grades universitaires et dont le pédantisme bruyant s’attache à de vains honneurs ; nous aurions aussi à dos les pharisiennes qui s’accommodent fort bien de leur temps et n’ont que l’ostentation du féminisme, et les nonchalantes qui préfèrent l’esclavage doré à l’âpre liberté du travail manuel.