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L’exode constant de l’élite des vierges vers le cloître prouvait bien que le monde superficiel ne peut convenir aux êtres graves, affamés de noblesse, pour qui le renoncement est préférable encore aux fausses jouissances ou à l’exaltation des vanités.

Donc les meilleures devaient venir à elle, rajeunir la conception surannée du sacrifice, essayer de réaliser le bonheur humain, d’enrichir leur âme éternelle.

Elle ne s’était pas rebutée devant les obstacles. Une à une, elle avait conquis ses compagnes sur le cloître, qui est l’asile contre la vie ; sur la pauvreté, qui étouffe tant de victimes ; sur l’amour trahi et sur l’abandon. Jusqu’alors aucune ne s’était repentie de l’avoir écoutée. Trente femmes et autant d’enfants vivaient, rêvaient, étudiaient fraternellement sur un infime coin de terre qui leur donnait subsistance . Ils semblaient avoir oublié à jamais les chagrins du passé.

Et c’était tout ce qu’elle pouvait faire. Il fallait s’arrêter là. Quelle torture d’impuissance pour cette âme embrasée de désirs magnifi-