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change tout à fait son allure. De bruyante et effrénée qu’était sa course, elle devient calme et paisible. Ce n’est plus un torrent fougueux ébranlant dans sa rage les obstacles contre lesquels il se heurte, c’est un clair et limpide ruisseau murmurant doucement au milieu d’une riante prairie. Les rochers s’écartent ; des bosquets de pins se groupent çà et là au milieu d’épais buissons de rhododendrim et de daphne. Jamais changement à vue plus rapide et plus complet n’est venu surprendre et charmer les regards. Nous étions, il y a quelques minutes, au milieu des sites les plus austères et les plus sauvages, et nous nous trouvons tout à coup au milieu d’un vallon délicieux. Sans l’aspect de la végétation alpine qui nous environne, nous pourrions croire que, d’un coup de sa baguette enchantée, un magicien nous a transportés en un instant du fond d’une des gorges les plus affreuses, au sein du plus gracieux des bocages.