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deviner la cause de cette étrange manœuvre. Nous ne tardâmes pas à en avoir l’explication. Quatre superbes bouquetins gravissaient à peu de distance de nous l’immense falaise de rochers qui forme la crête de la Maladetta. L’adresse avec laquelle ils saisissaient avec leurs pieds les plus petites aspérités du roc était vraiment admirable. Les traits de nos chasseurs exprimaient le désespoir le plus comique. Habiles tireurs, ils n’eussent pas manqué de se rendre maîtres de quelqu’un de ces beaux animaux, et ils ne pouvaient se consoler de ne pas avoir leurs armes avec eux. Quand les bouquetins furent arrivés à l’endroit le plus escarpé, les chasseurs et les guides se levèrent en poussant de grands cris. Nous comprîmes alors pourquoi ils nous avaient fait garder une immobilité parfaite. Ils voulaient que notre apparition subite effrayât ces animaux. Ils espéraient que la terreur que ressentiraient ces hôtes des montagnes pourrait