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yeux, pour voir au-dessous de nous les eaux du lac de Coroné ; tandis que si nous eussions laissé échapper notre bâton, il eût été se perdre dans les crevasses du glacier de Néthou.

Ainsi à cheval pour ainsi dire sur le sommet de la montagne, nous ne mîmes que quelques secondes pour franchir ce dangereux passage. Enfin, nous posâmes le pied sur le pic jusque-là vierge du pas de l’homme. Nous pouvions goûter sans restriction le plaisir d’avoir réussi à conduire à une heureuse fin une expédition si souvent tentée et toujours inutilement. La joie de nos guides n’était pas moins grande que la nôtre. La fierté du brave Jean, notre guide-chef, était tout à fait risible. Il se regardait vraiment comme le Christophe Colomb de la Maladetta. À peine arrivés sur le sommet du pic de Néthou, les guides commencèrent à ramasser des fragments de rochers, et à dresser