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nos chasseurs qui avançaient d’un pas aussi ferme que s’ils eussent été sur une grande route, nous engagea bientôt à les imiter. Pour nous frayer la marche, ils précipitaient dans l’abîme les quartiers de rocs peu solides. Ces fragments frappant le rocher dans leur chute, semblaient l’ébranler jusque dans ses fondements ; ils bondissaient avec violence, et rejaillissent sur le glacier, ils allaient s’engloutir dans le lac avec la rapidité et le retentissement de la foudre. Tel était pourtant le sort réservé à celui d’entre nous dont un vertige viendrait troubler la vue, ou dont le pied mal assuré glisserait sur le roc.

Heureusement aucun de ces accidents ne nous arriva. Nous avançâmes peu à peu, passant nos bras par-dessus l’arête, et nous soutenant avec notre bâton ferré. Nos pieds étaient posés sur les aspérités du rocher. Ainsi suspendus au-dessus d’un affreux précipice, nous n’avions qu’à baisser les