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franchir la brèche, nous nous trouvâmes tout à coup environnés d’un nuage si épais, que nous pouvions à peine distinguer les objets à une dizaine de mètres de nous. Accumulées dans enceinte du lac de Coroné par le vent du sud, toutes ces vapeurs venaient déboucher par ce couloir étroit sur le versant septentrional de la Maladetta. Le vent s’y engouffrait avec une force terrible, entraînant avec lui des masses de brouillards. Les rafales étaient tellement violentes, que pour ne pas être précipités dans un amas d’eau qui se trouvait de l’autre côté de la crête, nous étions obligés de nous cramponner de toute notre force aux aspérités du roc. Ces coups de vent étaient séparés les uns des autres par des intervalles d’un calme profond. Nous profitions de ces moments pour avancer, puis au moment où la tempête venait nous assaillir de nouveau, nous nous collions contre le rocher jusqu’à ce que le calme fût revenu.