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de B. Franklin.

Si vous voulez instruire, un ton dogmatique et affirmatif en avançant votre opinion, est toujours cause qu’on cherche à vous contredire, et qu’on ne vous écoute pas avec attention. D’un autre côté, si en désirant d’être instruit et de profiter des connoissances des autres, vous vous exprimez comme étant fortement attaché à votre façon de penser, les hommes modestes et sensibles, qui n’aiment point la dispute, vous laisseront tranquillement en possession de vos erreurs. En suivant une méthode orgueilleuse, vous pouvez rarement espérer de plaire à vos auditeurs, de vous concilier leur bienveillance, et de convaincre ceux que vous cherchez à faire entrer dans vos vues. Pope dit judicieusement[1] :


En donnant des leçons n’affectez point d’instruire.
Plutôt au goût d’autrui soigneux de vous plier,
Feignez de rappeler ce qu’on put oublier.

Ensuite il ajoute :
Quoique certain, parlez d’un air de défiance.

  1. Essai sur la critique.