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Vie

Par la suite, M. Mathieu Adams, négociant très-éclairé, qui avoit une belle collection de livres, et qui fréquentoit notre imprimerie, fit attention à moi. Il m’invita à aller voir sa bibliothèque, et il eut la complaisance de me prêter tous les livres que j’eus envie de lire. Je pris alors un goût singulier pour la poésie, et je composai diverses petites pièces de vers.

Mon frère s’imaginant que mon talent pourroit lui être avantageux, m’encouragea et m’engagea à faire deux ballades. L’une, intitulée la Tragédie de Phare, contenoit le récit du naufrage du capitaine Worthilake et de ses deux filles ; l’autre étoit une chanson de matelot sur la prise d’un fameux pirate, nommé Teach, ou Barbe-Noire. Ces ballades n’étoient que des chansons d’aveugle, des vers misérables. Quand elles furent imprimées, mon frère me chargea d’aller les vendre par la ville. La première eut un débit prodigieux, parce que l’événement étoit récent, et avoit fait grand bruit.

Ma vanité fut flattée de ce succès : mais