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Œuvres Morales,

tous mes soins, pour amasser sur cette feuille une provision de rosée, dont je n’aurai pas le temps de jouir ? Qu’importent toutes les querelles politiques, dans lesquelles je me suis engagé pour l’avantage de mes compatriotes qui habitent sur ce buisson ? Qu’importent les études philosophiques que j’ai entreprises pour le bien de notre race en général ? car, en politique, que peuvent les loix sans les mœurs[1] ? La génération présente de nos éphémères va, dans le cours de quelques minutes, devenir aussi corrompue et par conséquent aussi malheureuse que celles des buissons plus anciens. Et en philosophie, combien nos progrès sont bornés ! Hélas ! l’art est long et la vie est courte[2]. Mes amis voudroient me consoler, par l’idée d’un nom, qu’ils prétendent que je laisserai après

  1. Quid leges sine moribus ? Hor. Od, 24. Lib. iii.
  2. Ars longa, vita brevis, tempus preceps. Hippocr. Aphor, i.