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Vie

Franklin se rendit dans les prairies qui sont aux environs de Philadelphie. Il étoit avec son fils, à qui seul il avoit fait part de son projet, parce qu’il craignoit le ridicule, qui trop communément, pour l’intérêt des sciences, accompagne les expériences qui ne réussissent pas. Il se mit sous un hangard pour être à l’abri de la pluie. Son cerf-volant étoit en l’air. Un nuage orageux passa au-dessus : mais aucun signe d’électricité ne se manifestoit encore. Franklin commençoit à désespérer du succès de sa tentative, quand tout-à-coup il observa que quelques brins de la corde de chanvre s’écartoient l’un de l’autre et se roidissoient. Il présenta aussitôt son doigt fermé à la clef, et il en tira une forte étincelle. Quel dut être alors le plaisir qu’il ressentit ! De cette expérience dépendoit le sort de sa théorie. Il savoit que s’il réussissoit, son nom seroit placé parmi les noms de ceux qui avoient agrandi le domaine des sciences ; mais que s’il échouoit, il seroit inévitablement exposé au ridicule, ou, ce qui