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rale. Il me fit enfin, un si long détail des infortunes qui existoient déjà, et de celles qui devoient bientôt avoir lieu, qu’il me jeta dans une sorte de découragement.

Si j’avois connu cet homme avant de me mettre dans le commerce, je n’aurois sans doute jamais osé m’y hasarder. Cependant il continua à vivre dans cette ville en décadence, et à déclamer de la même manière, refusant pendant plusieurs années, d’acheter une maison, parce que, selon lui, tout alloit chaque jour plus mal ; et à la fin, j’eus la satisfaction de lui en voir payer une cinq fois aussi cher qu’elle lui eût coûté, s’il l’avoit achetée quand il commença ses lamentations.

J’aurois dû rapporter que, pendant l’automne de l’année précédente, j’avois réuni la plupart des hommes instruits, que je connoissois, pour former un club, auquel nous donnâmes le nom de Junto, et dont, l’objet étoit de perfectionner notre esprit. Nous nous assemblions les vendredis au soir. Les règlemens que je traçai, obligeoient chaque membre de