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de B. Franklin.

Je lui donnai une liste de quarante plats, dans la composition desquels il n’entroit ni viande ni poisson. Cette fantaisie me devenoit d’autant plus agréable, qu’elle étoit à fort bon compte ; car notre nourriture ne nous coûtoit pas à chacun, plus de dix huit pences[1]par semaine.

Depuis cette époque, j’ai observé très-rigoureusement plusieurs carêmes, et je suis revenu tout d’un coup à mon régime ordinaire, sans en éprouver la moindre incommodité ; ce qui me fait regarder comme inutile, l’avis qu’on donne communément, de s’accoutumer par degrés à ces changemens de nourriture.

Je continuois gaiement à vivre de végétaux : mais le pauvre Keimer souffroit terriblement. Ennuyé de notre régime, il soupiroit après les pots de viande d’Égypte. Enfin, il commanda qu’on lui fît rôtir un cochon de lait, et m’invita à dîner avec deux femmes de notre connoissance. Mais voyant que le cochon de lait étoit prêt un peu avant notre

  1. C’est-à-dire trente-six sols tournois.