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Vie

Quand il s’expliqua avec moi sur ses dogmes, j’y trouvai beaucoup d’absurdités, que je refusai d’admettre, à moins qu’il ne voulût à son tour adopter quelques-unes de mes opinions. Keimer portoit une longue barbe, parce que Moïse a dit quelque part : « — Tu ne gâteras pas les coins de ta barbe ». — Il observoit, aussi le jour du sabbat ; et ces deux points lui paroissoient très-essentiels.

Ils me déplaisoient l’un et l’autre. Mais je consentis à y adhérer, si Keimer vouloit s’abstenir de manger d’aucune espèce d’animal. — « Je crains, dit-il, que ma constitution ne puisse pas y résister ». — Je l’assurai qu’au contraire, il s’en trouveroit beaucoup mieux. Il étoit naturellement gourmand, et je voulois m’amuser à l’affamer. Il se décida à faire l’essai de ce régime, pourvu que je voulusse m’y astreindre avec lui ; et, en effet, nous l’observâmes pendant trois mois. Une femme du voisinage préparoit nos alimens et nous les apportoit.