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Que penseriez-vous d’un prince ou d’un gouvernement qui vous défendrait, par un édit, de vous habiller comme les personnes de distinction, sous peine de prison ou de servitude ? — Ne diriez-vous pas que vous êtes nés libres, que vous avez le droit de vous habiller comme bon vous semble ; qu’un tel édit serait un attentat formel contre vos priviléges, et qu’un tel gouvernement serait tyrannique ? — Et cependant vous vous soumettez vous-mêmes à une pareille tyrannie, quand vous vous endettez pour vous vêtir ainsi. Votre créancier a le droit, si bon lui semble, de vous priver de votre liberté, en vous confinant pour toute votre vie dans une prison, ou en vous vendant comme esclave, si vous n’êtes pas en état de le payer. Quand vous avez fait votre marché, peut-être ne songiez-vous guère au paiement ; mais les créanciers, comme dit le bonhomme Richard, ont meilleure mémoire que les débiteurs. Les créanciers sont une