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dans l'ordre moral, est la source, le fondement, le principe de tous les droits. La seule liberté possible dans l'état de société est celle qu’on peut définir par ces mots : le droit égal pour tous d’exercer et de développer leurs facultés inégales.

L’égalité et la liberté ne peuvent, en effet, exister qu’à la condition d’être inséparables ou d’entrer, en quelque sorte, l’une dans l’autre. La liberté sans égalité ou qui ne serait pas la même pour tous les citoyens, dont tous les citoyens ne pourraient faire usage sous une responsabilité et dans une étendue égales ; une telle liberté ne serait qu’un privilège, c’est à-dire un instrument de domination pour les uns, un état de servitude pour les autres. L’égalité sans liberté, ou plus exactement l'égalité hors de la liberté, serait pour tous, sans distinction, la servitude. Ne pouvant élever les buissons à la hauteur des chênes, il faudra bien abaisser les chênes à la taille des plus humbles buissons. Il sera défendu de dépasser un certain niveau d’instruction, de moralité, d’intelligence, d’activité, de bien-être, sinon l’égalité est détruite et avec elle toute espérance de communauté. On n’imagine pas un esclavage plus dégradant que celui-là.

Et qu’est-ce que les faibles, les ignorants, les incapables (car en dépit de l'instruction intégrale, réclamée avec tant d’instance par les organes de la Société internationale, il y aura toujours une ignorance au moins