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incompatible avec les attributs les plus essentiels de la nature humaine. La nature humaine, comme la nature universelle, est soumise à la grande loi de l’inégalité et de la diversité. La ressemblance qu’on chercherait en vain entre les arbres de la même forêt et entre les feuilles du même arbre, on la trouverait encore moins entre les citoyens de la même patrie, entre les habitants de la même cité, entre les membres de la même famille. Inégaux par la force, par la santé, par la beauté, les hommes le sont au moins autant par l’intelligence, par l’imagination, par le sentiment, par le courage, par la joie ou la souffrance dont leurs âmes sont capables. À cette inégalité native de leurs facultés il faut ajouter l’usage inégal qu’ils ne manquent pas d’en faire, parce qu’ils en ont le pouvoir, et le développement inégal qu’ils sont appelés à leur donner en raison de la diversité des circonstances ou des impulsions extérieures.

Repoussée par tous les instincts, par toutes les facultés, par tous les actes de la nature humaine, comment l’égalité pourrait-elle exister de fait dans l’ordre social ? Comment un ordre social qui voudrait la prendre pour base pourrait-il se fonder ?


Mais si l’égalité se trouve exclue du domaine des faits, le droit ne peut absolument pas s’en passer ; elle fait partie de la liberté, qui, dans l’ordre civil, comme