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perdu, ces frivoles Athéniens, de n’avoir pas connu un tel législateur ?

Ce n’est pas assez pour Mably d’avoir établi l'égalité des richesses ou plutôt de la misère dans cette espèce de pénitencier général qu’il veut fonder à la place de la société ; il lui faut aussi un même niveau, non-seulement pour les intelligences, mais pour les consciences. Remarquons tout de suite que rien n’est plus conséquent à son principe : car si la conscience et la pensée restent libres, vous verrez reparaître aussitôt toutes les autres libertés et avec elles la propriété. Le moyen de ramener l'égalité des esprits, c’est une éducation commune, obligatoire pour tous les enfants, et qui, semblable à celle des Spartiates, ne sépare point les exercices du corps de ceux de l’intelligence. On établira l’égalité morale ou l’union des consciences, condition essentielle de la communauté, à l’aide d’une religion d’Etat et d’une pénalité sévère contre les athées et les déistes. Mably, malgré quelques concessions faites à l’esprit de son siècle, nous livre toute sa pensée : « Le gouvernement, dit-il, doit être intolérant[1],» et il nous propose pour exemple les Romains, chez qui la religion était subordonnée à la politique, et qui ne connaissaient point la tolérance religieuse.

Nous ne discuterons pas ce système ; nous le laisse-

  1. Liv. IV, chap. 4.