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c'est-à-dire de la chasse, de la pêche et des fruits que la terre porte sans culture ; la terre elle-même était tout entière le patrimoine de chacun d’eux.

L’égalité, dont la communauté est l’inséparable corollaire, n’a pas seulement existé autrefois, elle est un besoin permanent, par conséquent un droit de la nature humaine ; elle répond à un sentiment indestructible, universel, qui se confond avec celui de notre dignité, et qui par cela même ne peut pas devenir injuste et ne saurait jamais être poussé trop loin. L'inégalité, au contraire, détruit tous nos penchants naturels, la pitié, la bienveillance, la justice, et n’engendre à leur place que des principes de guerre et de dissolution ; chez les uns l’ambition, l’avarice, l’orgueil ; chez les autres la bassesse et la haine.

Comment donc l’inégalité s’est-elle établie ? par la propriété d’abord. La propriété, amenant la diversité des fortunes, a eu pour conséquence la diversité d’éducation, et celle-ci nous a donné la diversité des facultés et des talents ; car c’est uniquement par cette cause que Mably essaie d’expliquer les différences qui existent entre les esprits. « C’est notre éducation, dit-il, si capable d’abrutir les uns et de développer dans les autres les facultés de leur âme, qui nous persuade qu’il y a plusieurs classes d’hommes. » Enfin la propriété elle-même, source principale de nos maux, a son origine dans l’abus de la force, c’est-à-dire dans