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limite. Un moyen infaillible, selon lui, d’obtenir ce résultat, c’est le système d’imposition si vanté aujourd’hui sous le nom d'impôt progressif. Le mot n’est pas dans Rousseau, mais la chose y est, et je crois pour la première fois. La voici exprimée en deux articles d’une manière qui ne laisse point prise à l’équivoque : « Premièrement, on doit considérer le rapport des quantités, selon lequel, toutes choses égales, celui qui a dix fois plus de bien qu’un autre doit payer dix fois plus que lui ; secondement, le rapport des usages, c’est-à-dire la distinction du nécessaire et du superflu. Celui qui n’a que le simple nécessaire ne doit rien payer du tout ; la taxe de celui qui a du superflu peut aller au besoin jusqu’à la concurrence de tout ce qui excède son nécessaire[1]. » Rousseau n'a aucune peine à se justifier ici, puisqu’il regarde toute propriété privée comme une portion du bien public dont on ne jouit qu’à titre de dépôt. Mais ceux qui, après lui, voudraient nous imposer le même régime, croyant sans doute l’avoir inventé, devraient imiter sa franchise et ne pas oublier que, le principe une fois introduit, il est difficile d’en arrêter les conséquences.

C’est ce qui est arrivé dans l’ordre des idées. Meilleur logicien que Rousseau, mais aussi plus borné dans ses vues, moins sensible à la puissance des arts et aux

  1. Discours sur l'économie politique.