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fratricelles ou frérots, les béguards, les lollards, les turlupins, et enfin la plus hardie, la plus conséquente, la plus célèbre de toutes ces sectes, ancêtres méconnus du socialisme, les terribles anabaptistes. Muncer, leur chef, n’a rien laissé à dire aux communistes ses successeurs. « Nous sommes tous frères, répétait-il souvent à la foule qui l'écoutait, et nous n’avons qu’un commun père dans Adam ; d’où vient donc cette différence de rangs et de biens que la tyrannie a introduite entre nous et les grands du monde ? Pourquoi gémirons-nous dans la pauvreté et serons-nous accablés de maux, tandis qu’ils nagent dans les délices ? N’avons-nous pas droit à l’égalité des biens qui, de leur nature, sont faits pour être partagés sans distinction entre tous les hommes ? Rendez-nous, riches du siècle, avares usurpateurs, rendez-nous les biens que vous retenez dans l’injustice ; ce n’est pas seulement comme hommes que nous avons droit à une égale distribution des avantages de la fortune, c’est aussi comme chrétiens[1]. » On sait qu’il ne se borna pas à la prédication, et que, sous le titre biblique de juge du peuple, il mit ses idées en pratique dans la ville de Mulhausen ; qu’à la tête de trente mille hommes il tenta de les imposer par la force des armes à toute l’Allemagne. Sa

  1. Catrou, Histoire des anabaptistes. — Michelet, Mémoires de Luther.