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chez tous les peuples anciens, ou tel qu’il existe encore chez quelques peuples modernes, celui qui peut cesser d’un jour à l’autre par un acte de libéralité, celui qui peut s’asseoir au foyer de la famille et se consoler de son abjection par l’attachement qu’il éprouve ou la pitié qu’il inspire ; mais le plus hideux, le plus cruel, le plus effroyable de tous, parce qu’il est sans terme et sans remède, parce qu’il n’y a ni compassion, ni affection, ni ménagement à attendre pour lui, de ce maître sans entrailles qu’on appelle l’État ; en un mot l’esclavage politique. Comment concevoir qu’il en soit autrement ? Les sociétés dans lesquelles nous avons rencontré jusqu’à présent le régime communiste, les castes sacerdotales de l’Orient, les républiques guerrières de Sparte et de la Crète, s’appuyaient sur le principe de la domination, de la conquête, de la jouissance. Elles ne travaillaient pas, elles ne produisaient rien ; elles vivaient uniquement du travail des autres. L’oisiveté, ou, pour rendre ma pensée d’une manière plus exacte, l’absence de tout droit de la part des individus aux biens partagés entre eux, était la condition même de la communauté, et pour conserver ce précieux avantage, il fallait nécessairement, à côté de la race privilégiée ou victorieuse, des races vaincues, opprimées, maudites et vouées à un éternel esclavage. Ajoutons, pour expliquer ce communisme antique, que des hommes associés pour l’empire ou pour la lutte font aisément