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était un véritable couvent où l'austérité n’excluait pas la licence, et dont la discipline impitoyable n’était adoucie par aucun des sentiments, par aucune des espérances que le christianisme, plus tard, inspira à ses moines. Au fond il y a moins de différence qu’on ne pense entre cette constitution et celle des castes orientales. L’orgueil patriotique s’est substitué à la foi religieuse et le guerrier au prêtre ; mais l'esclave est resté à la même place, plus méprisé, plus-malheureux, plus opprimé qu’auparavant.

La constitution de Sparte n’est pas un fait isolé dans l'histoire de la Grèce ; celle de la Crète l'a précédée et lui a servi de modèle[1]. Les Crétois comme les Spartiates avaient leurs esclaves publics, leurs serfs attachés à la glèbe, condamnés à travailler pour eux, à labourer pour eux la terre, tandis que les citoyens se donnaient tout entiers à l’oisiveté ou à la guerre. Seulement les périœciens (c’est ainsi que se nommaient ces esclaves) étaient soumis à une oppression moins violente que les ilotes. Les Crétois comme les Spartiates avaient leurs repas publics, et cette institution était, chez les premiers, plus sérieuse, plus profonde que chez les derniers ; car à Sparte chacun y devait contribuer pour sa part, sous peine d’être privé de ses droits de citoyen. En Crète, rien de semblable : hom-

  1. Aristote, Politique liv. II. chap. 7.