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Mais ce n’est pas seulement le communisme, dans son expression la plus impérieuse et la plus despotique, que M. Louis Blanc s’est donné la tâche de défendre dans tous ses écrits ; c’est le communisme et le despotisme réclamés au profit de la partie la plus vile de la société et au préjudice de la partie la plus généreuse, la plus honnête et la plus intelligente. En effet, si les dons les plus rares, les plus utiles, les plus précieux, et les efforts que nous aurons faits pour les acquérir, ne doivent pas avoir pour nous d’autre résultat que d’accroître le nombre et l’importance de nos devoirs, que de rendre la société plus exigeante à notre égard ; si, d’un autre côté, la société se fait une obligation de satisfaire tous nos besoins, sans qu’il nous en coûte le moindre effort d’activité, d’application ou de prévoyance, il sera mille fois plus avantageux d’avoir des besoins que d’avoir des facultés. On peut dire, en intervertissant la distinction de M. Louis Blanc et en prenant les mêmes termes dans un autre sens, que les besoins représentent notre actif et les facultés notre passif ; les besoins nous constituent les créanciers de l’Etat et les facultés ses débiteurs.

C’est en vain que M. Louis Blanc en appelle à la charité, à la gloire, à la satisfaction intérieure qu’apporte avec lui l’exercice des plus hautes facultés. La charité n’existe pas sans la plus complète liberté. Exigée au nom de la loi, elle perd son nom et son existence,