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ceux qui les entretiennent par leur fortune. A quoi leur servirait-il de dicter des conditions qui ne pourraient être acceptées sans amener la ruine, non-seulement des industriels, mais de l’industrie elle-même ? Quelle espérance y a-t-il d’améliorer le sort des travailleurs si l'on fait disparaître le travail ? Il est donc indispensable qu’aux libres et pacifiques associations viennent s’ajouter les libres et pacifiques discussions ; je parle de discussions ou de conférences mixtes, périodiques si cela est possible, entre les ouvriers et les patrons. Les grèves ne sont qu'un état de guerre, également désastreux pour les deux parties belligérantes.

Mais tout ce qu’on pourra faire pour diminuer la distance qui sépare encore aujourd’hui les deux principales fractions de la société, restera infécond sans l’intervention d’une influence suprême, aussi douce à subir qu’à excercer : c’est l’influence d’une bienveillance mutuelle, ou pour l’appeler de son vrai nom, de son nom religieux, d’une mutuelle charité. La charité est également nécessaire au riche et au pauvre, au bourgeois et à l’ouvrier, et elle peut être exercée par tous les deux, car elle réside moins dans les actes extérieurs que dans les sentiments. Avec elle tout est facile, sans elle tout est hérissé de difficultés, tout est matière à soupçon, et l’homme arrive bientôt à ne voir dans son semblable qu’un ennemi. La charité devrait être le dernier mot de la politique et même de l'éco-