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Enfin, l’auteur inconnu de ces livres a adopté, sur le mal, les principes que les alexandrins eux-mêmes avaient puisés à des sources d’une haute antiquité. Cette doctrine consiste à considérer le mal comme n’existant dans les êtres qu’en tant que privation, qu’en tant qu’il leur manque quelque chose, tandis que tout ce qu’ils possèdent d’être est bon. Cette manière de définir le mal a été soutenue dans la suite par les plus savants des docteurs de l’Église, entre autres par saint Augustin et saint Thomas.

13° Le mal ne reçoit pas l’être du bien. — Ce qui est entièrement dépourvu de bien, n’a été, n’est, ne sera, ne peut être en aucune façon. — Ce qui est bien en quelque façon, et en quelque autre ne l’est pas, ne répugne pas pour cela à tout bien ; il tient même l’être de sa participation au bien, tellement que le bien, en le faisant être, donne ainsi l’être au mal, ou à la privation qui est en lui. — Le mal n’est point dans les choses qui ont l’être, car si tout être procède du bien, ou que le bien soit en tout être, il suit de deux choses l’une : ou que le mal ne sera pas dans quelque chose qui ait l’être, ou que, s’il y est, il sera dans le bien même (ubi supra, ch. iv, passim).

D’après les idées que nous venons d’exposer, il est facile de voir qu’encore que chrétien sincère dans la plupart de ses écrits, le Pseudo-Denys l’Aréopagite a cherché l’alliance des données de la révélation avec quelques-uns des principes de la philosophie qu’il avait étudiée. Cela suffit pour justifier un savant contemporain, Engelhardt, qui l’a considéré comme disciple avant tout de Plotin, dans une dissertation latine dont le titre seul indique le sens : Dissert. de Dionysio Areopagita plotinizante, prœmissis observationibus de historia theologiæ mysticæ rite tractanda, in-8, Erlangen, 1820. On peut consulter aussi sur le même sujet les dissertations suivantes : Baumgarten-Crusius, Dissertatio de Dionysio Areopagita, in-4, Iéna, 1823 ; Opuscula theologica du même auteur, in-8, ib., 1836, no 11 ; Néo-platonisme et paganisme, dissertation sur les écrits du prétendu Denys l’Aréopagite, in-8, Berlin, 1836 (all.) ; Montet, les Livres du Pseudo-Denys l’Aréopagite, Paris, 1848, in-8. Quant aux écrits mêmes du faux Denys, ils ont été publiés en divers endroits et à plusieurs reprises : Dionysii Areopagitæ opera græca, in-f°, Basle, 1539 ; Venise, 1558 ; grec et lat., in-8, Paris, 1562 ; in-f°, ib., 1615 ; 2 vol. in-f°, Anvers, 1634 ; 2 vol. in-f°, avec plusieurs dissertations sur l’auteur, Paris, 1644.H. B.

DENYS d’Héraclée vivait à la fin du iiie siècle avant l’ère chrétienne. Il avait eu pour premiers maîtres Héraclide, Alexinus et Ménédème, dont il adopta probablement les idées ; plus tard il s’attacha à Zénon et aux principes du stoïcisme. Enfin, il abandonna le Portique pour l’école d’Épicure, d’autres disent pour l’école cyrénaïque, à laquelle il resta fidèle jusqu’à sa mort. Diogène Laërce cite de lui (liv. VII, ch. xxxvii, clxvi et clxvii) plusieurs ouvrages dont aucun fragment n’est arrivé jusqu’à nous.

DERHAM (Guillaume) naquit, en 1657, à Stowton près de Worcester, fut ordonné prêtre de l’Église anglicane en 1682, et mourut en 1735, recteur d’Upminster dans le comté d’Essex, et membre de la Société royale de Londres. Il se distingua surtout par ses profondes connaissances en mécanique, en histoire naturelle et en astronomie ; mais l’usage qu’il fit de toutes ces sciences pour démontrer l’existence d’un Dieu, auteur et providence du monde, lui assure aussi, à côté de Jean Bay, une place honorable dans l’histoire de la philosophie. Les deux ouvrages dans lesquels il poursuit ce but ont la même origine que celui de Clarke sur l’existence et les attributs de Dieu. Choisi, en 1711 et 1712, pour faire les lectures connues sous le nom de Fondation de Boyle, il prononça seize discours ou sermons, où, passant en revue toutes les parties de l’histoire naturelle, il montre partout des traces d’une intelligence suprême et d’une providence attentive aux besoins de tous les êtres. Ces sermons furent réunis plus tard en deux ouvrages, dont l’un a reçu le nom de Physico-Theology (in-8, Londres, 1713), et l’autre celui de Astro-Theology (in-8, Londres, 1714 et 1715). Nous connaissons peu de livres philosophiques qui aient obtenu un plus rapide et plus brillant succès. Plusieurs fois réimprimés dans l’original jusqu’en 1786, ils ont encore été traduits en français, en allemand, en flamand, en suédois, en italien, etc. Nous nous contenterons de citer les traductions françaises. Il en existe deux de la Théologie astronomique : l’une par l’abbé Bellenger (in-8, Paris, 1726 et 1729), et l’autre par Élie Bertrand (in-8, Paris, 1760). Celle de la Théologie physique a été publiée, sans nom d’auteur, à Rotterdam (2 vol. in-8, 1730). Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer en passant que le titre anglais de ce dernier ouvrage a probablement été présent à l’esprit de Kant quand il a désigné sous le nom de preuves physico-théologiques tous les arguments qui tendent à prouver l’existence de Dieu par l’ordre et l’harmonie de l’univers.

DESCARTES (René) est né en 1596, à la Haie en Touraine. Il descendait d’une ancienne et noble famille de la province. Au collége de la Flèche, chez les Jésuites, il apprit tout ce qu’on enseignait alors de philosophie. Mais dans cette philosophie il ne trouva que doute et incertitude ; les mathématiques seules, entre toutes les sciences, lui parurent présenter les caractères de la vérité et de l’évidence. Au sortir du collége, il vient à Paris où, après avoir mené pendant quelque temps la vie du monde, il se fit tout à coup une solitude profonde en se cachant dans une maison du faubourg Saint-Germain, pour se livrer tout entier à l’étude. Ses amis ne le découvrirent qu’au bout de deux ans. A vingt et un ans, suivant l’usage des gens de sa condition, il prend du service et s’engage successivement comme volontaire dans les armées de plusieurs princes de l’Allemagne. Mais l’étude des passions qui se développent dans les camps, la construction des machines de guerre qui battent les remparts, les forces qui les font mouvoir, les lois de la mécanique qui les régissent, absorbent tout entier, même au milieu des combats, le soldat philosophe. Au bout de quatre ans, il abandonne définitivement le métier des armes, il visite une partie de l’Europe, et revient à Paris. Après avoir hésité quelque temps entre des états divers, il se décide à n’en prendre aucun, pour se consacrer entièrement à la philosophie et aux sciences. De nouveau il cherche à se faire une solitude au milieu de Paris ; mais, ne pouvant y réussir à cause de sa célébrité croissante, il se relire dans la Hollande, en 1629, à l’âge de trente-trois ans. Pendant un séjour de vingt ans dans ce pays, il change presque continuellement de résidence, soit dans l’intérêt de ses affaires et de ses expériences, soit de peur que le secret de sa retraite trop divulgué ne l’expose aux lettres et aux visites importunes. Cependant, dans cette solitude profonde, qu’il sait se créer même au sein des grandes villes, il ne demeure étranger à rien de ce qui se passe dans le monde scientifique. Il entretient une vaste et continuelle correspondance avec un ami