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DAVI

JEDU vie philosophique de la Grèce. Elle étudiait. comme Amenés elle-niôine, comme Alexandrie’, connue Constantinople, Aristote et Platon. En un mot, elle prenait rang en philosophie, et si elle n’y joua pas un rôle éclatant, il faut en ac* cuser les circonstances et les difficultés du temps plus encore que le génie de la nation. La gloire de David sera de représenter son pays en philosophie comme il le représentait aux écoles d’Athènes. L’édition générale d’Aristote, publiée par l’A- cadémie de Berlin, a donné, dans le IV e volume, de longs fragments des Commentaires de David, et entre autres les Prolégomènes entiers aux Catégories. B. S. -H.


DAVID de Dinan, philosophe scolastique, fut, suivant quelques historiens, disciple d’Amaury de Chartres. Il était mort, selon toute apparence, en 1209, car il n’est pas compris dans le décret rigoureux dont quatorze disciples d’Amaury fu- rent alors frappés par un concile tenu à Paris : la sentence ne mentionne son nom qu’à propos de Quatrains, Quatemuli, qu’elle lui attribue et qu’elle condamne au feu, en ordonnant à tous ceux qui possèdent l’ouvrage, de s’en défaire dans le délai d’un mois sous peine d’être consi- dérés comme hérétiques. Sous le nom de David, Albert le Grand cite un autre livre, le Liber to- morum, Liber de tomis^ titre auquel il est aisé de reconnaître, soit le célèbre traité de Jean Scot de Divisione naturœ, soit un abrégé quelconque de ce traité. Cependant quoique la doctrine de David de Dinan offre certaines analogies avec celle de Scot, elle en diffère par d’autres côtés, et arrive en plus d’un point à des conclusions nouvelles qui sont très-graves. Selon David tous les objets de l’univers peuvent se rapporter à trois classes, les corps, les âmes, les idées. La matière première, sans attribut et sans forme, constitue l’être et la substance des corps, dont par conséquent les qualités se réduisent à de vaines apparences, qui ne présentent rien de réel en dehors de la sensation de l’âme et du ju- gement. La pensée est aux âmes ce que la matière est au corps. Dieu est le principe des idées. On ne trouve rien jusque-là, dans les opinions de David de Dinan, qui soit entaché de panthéisme; mais poussant plus loin sa doctrine, il identifiait la pensée et la divinité avec la matière première. En effet, si ces trois principes étaient distincts, ils ne pourraient l’être, disait- il. qu’à raison de leurs différences; mais ces différences introduiraient dans leur nature un élément de composition* de simples qu’ils doivent être et qu’ils sont, ils deviendraient complexes. Ils ne peuvent donc pas être différents, et s’ils ne le sont pas, ils doivent être ramenés à un seul principe, dans lequel ils se confondent. Albert cite cet argument sous le nom d’un dis- ciple de David, appelé Baudouin, contre lequel il nous apprend que lui-même disputa. La plupart des autres moyens ou preuves alléguées par David étaient selon l’usage du temps, quelques textes des anciens, plus ou moins détournés de leur sens véritable, tels qu’une citation d’Orphée, une autre de Sénèque et les vers célèbres de Lucain, m IX" livre de la Pharsale, sur l’union intime des humilies et de Dieu. Cependant, si on en croit Albert, celui de tous les écrivains qui mms

issé le plus de renseignements sur cette 

école encore peu connue, David de Dinan se il particulièrement attaché à Alexandre d’A- phrodisiaSj il n’aurait tait que reproduire les opinions de ce célèbre commentateur. Il est constant que dès le commencement du xm siè- cle divers écrits d’Alexandre étaient connus en Occident, el que les théories qu’ils renferment attirèrent bientôt la réprobation de l’évêque de l’aris, Guillaume d’Auvergne. Or h; fond d< théories, c’est assurément l’identité de la pensée et de la matière, considérées Tune et l’autre comme indéterminées : ce qui est la doctrine propre de David. Quelle qu’en soit l’origine, cette doctrine est un des épisodes les plus curieux de l’histoire de la philosophie au moyen âge. Con- sultez Martène, Novus Thésaurus Anecdot., t. IV, p. 166; —Albert le Grand, Opp., t. II, p. 23, el t. XVlII,p. 62; — Saint Thomas, Contra Gentiles, I, xvn ; — Ch. Jourdain, Mémoire des sources phi- losophiques des hérésies d’Amaury de Chartres et de David de Dinan, dans les Mémoires del’A- cad. des inscriptions, t. XXVI, 2 e partie. C. J.


DÉDUCTION (de deducere, tirer de, faire sortir de). La déduction est une forme du rai- sonnement qui consiste à déterminer une vérité particulière en la tirant et la faisant sortir d’un principe général antérieurement connu. C’est l’opposé de Vinduction, qui consiste à s’élever de vérités particulières à la détermination d’un principe général. Quand l’objet particulier qu’il s’agit de déter- miner est directement observable, il n’y a qu’à employer l’observation ; mais il arrive souvent que les objets sont trop éloignés de nous dans le le temps ou dans l’espace pour que nous puis- sions les atteindre par l’observation. Souvent aussi nous ne voulons pas seulement connaître ce qui est, mais ce qui doit être, l’absolu et le nécessaire, et l’observation ne nous suffit pas, attendu que l’observation ne nous donne que ce qui est dans un moment, dans un lieu, et non ce qui doit être partout et toujours, nécessairement et absolument. Si nous ne savons rien de l’objet à déterminer, rien que son existence, il n’y a rien à faire ; mais si nous connaissons quelqu’une de ses qualités, et possédons ainsi sur lui quel- ques données, il faut voir si par ces données on peut le rattacher à quelque principe général dans lequel la qualité cherchée est évidemment unie à la qualité connue. Si cela se peut, nous affirmons alors du particulier ce que nous avons affirmé du général; voilà ce qu’on appelle dé- duire. Par exemple, soit à déterminer si Pierre est mortel; ]e sais de lui qu’il est homme, et cette donnée me permettant de le rattacher à ce principe général tous les hommes sont mortels, je puis faire sortir de cette affirmation générale cette affirmation particulière : Pierre est mor- tel. La forme de la déduction est le syllogisme, qu’Aristote {Prem. Anabjt., liv. I, ch. i) a défini « une énonciation dans laquelle certaines asser- tions étant posées, par cela seul qu’elles le sont, il en résulte nécessairement une autre assertion différente de la première. »

résulte de cette définition, et de ce qui pré- 

cède, que la déduction n’est pas et ne saurait être une opération primitive, puisque pour tirer la connaissance du particulier de celle du général, on doit, auparavant, être entré en posses- sion de la connaissance du général. Alors seu- lement on peut essayer de ne plus étudier les individus en eux-mêmes, et de tirer la connais- sance d’une de leurs propriétés des autres pro- priétés connues dans le général. Mais les principes u m aïs viennent de deux sources bien différentes, et présentent des caractères bien dis- tincts. Les uns se forment immédiatement en nous et nous apparaissent tout d’abord évidents, invariabli nécessaires et indépendants de toute réalisation; ce sont les principes absolus que nous donne la raison, faculté de l’absolu; soit par exemple ce principe : Tout phénomène comme pose une cause. Les autres sont